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Perspective nouveau monde

Société distincte?

Le Québec se distingue aussi de presque tout le reste du Monde par la l’organisation de l’éducation supérieure de ses citoyens. Sur le plan de la formation technique, le cégep constitue une réussite de la décentralisation québécoise au grand bénéfice de toutes les régions. Mais pour ce qui est de la voie menant à l’université, alors que d’immenses blocs internationaux comme l’Europe s’alignent sur un modèle universel pour favoriser la mobilité étudiante par la correspondance et la reconnaissance mondiale des diplômes, le bien-fondé de conserver au Québec un ordre d’enseignement supplémentaire entre l’école secondaire et l’université semble de moins en moins évident. D’autant plus que pour obtenir un même diplôme universitaire, étudier au Québec requiert une ou deux années de plus que dans la plupart des autres États comparables. Est-ce justifié de payer ainsi collectivement ces années de scolarisation additionnelles pour arriver au même résultat? Et que dire des conséquences de cette organisation sur le taux de décrochage? Non seulement une admission au cégep en plus d’une admission à l’université augmente les risques d’échec de parcours, mais il faut aussi se questionner sur l’effet de concentrer la formation générale au cégep (alors que les étudiants ont peut-être le pire âge pour l’apprécier) et de retarder à l’ordre universitaire presque toute la formation plus en lien avec la profession. Conséquence : la formation universitaire québécoise se distingue de celle offerte presque partout ailleurs dans le Monde en ce qu’elle est pratiquement dépourvue de formation générale, qui ouvre et élargit l’esprit… Est-il judicieux de continuer à faire bande à part?

Dans bien des cas, nos différences sont le fruit de bonnes décisions du passé. Mais notre environnement change, nos styles de vie évoluent, nos aspirations se transforment. Ces différences sont-elles encore pertinentes? Avons-nous le courage de les remettre en question et d’en cultiver de nouvelles, plus porteuses d’avenir? Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est bon de se distinguer lorsque la différence est bien fondée. Autrement, c’est comme le chauffard sur l’autoroute qui est convaincu que tous les autres conduisent dans la mauvaise direction…

Ainsi, en quoi nous distinguons-nous, comme société? À l’échelle de notre ville, de notre région, de notre pays? Et surtout, en quoi voudrions-nous nous différencier pour être fiers de former une société distincte?